Le boom des résidences secondaires post-confinement aura-t-il lieu ?

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Le boom des résidences secondaires post-confinement aura-t-il lieu ?

 Après le confinement, la demande en résidences secondaires semble exploser en France. Mais quelles régions sont concernées ? Le phénomène va-t-il durer, ou s'agit-il d'une simple “mode” post-confinement ?

Un cocon protecteur pour mieux vivre le confinement

Les résidences secondaires n’ont jamais été aussi attractives que durant le confinement ! Espace à vivre, grand air à respirer, extérieur où télétravailler, terrasse où se prélasser… Bon nombre de citadins et de citadines y ont trouvé un phare dans la tempête sanitaire.

Sitôt le confinement effectif, le 17 mars 2020, l’opérateur Orange a mesuré la mobilité de ses abonnés hors d’Île-de-France. Parmi elles et parmi eux, durant la semaine du 13 au 20 mars, 17 % ont ainsi quitté la région parisienne. Les littoraux atlantique et breton, comme les départements ruraux de l’Orne et de l’Yonne, semblent avoir eu les faveurs des Franciliens.

La résidence secondaire, refuge pour les uns, est rapidement devenue un rêve à accomplir pour les autres, restés dans les grandes villes et leurs appartements sans extérieur. 

L’achat d’une résidence secondaire : une ambition nouvelle

La France compte 3,5 millions de résidences secondaires, avec, sur le podium des régions les plus prisées : la Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur, et l’Occitanie. Voilà pour les dernières données Insee publiées fin 2019. Mais quel impact une année 2020 si particulière aura-t-elle vraiment eu sur ces chiffres ? Impossible pour l’heure de le mesurer avec précision. Mais l’envie des Françaises et des Français est là.

Au sortir du confinement, Orpi a mené une étude qui confirme l’engouement. Une personne sondée sur quatre indique envisager désormais l’achat d’une résidence secondaire. Et les jeunes ne sont pas en reste ! Près d’un tiers des personnes intéressées par l’achat est âgé de moins de 40 ans, et même 11 % de moins de 30 ans. Sans surprise, le littoral, la campagne et la montagne remportent les suffrages des sondés.

L’explosion des requêtes en ligne

Des rêves de mise au vert qui se traduisent aussi dans certaines données en ligne. D’après des chiffres recueillis en juin par PAP (transactions immobilières entre particuliers), le site d’annonces en ligne enregistre une très forte progression des recherches sur les départements limitrophes des plus grandes métropoles françaises. Par exemple, + 117 % de recherches pour l’Ain, proche de Lyon, et + 98 % de recherches pour l’Eure, entre Rouen et Paris. 

Il peut s’agir tout à la fois d’une envie de changer de lieu de résidence principale, comme du souhait d’acquérir un bien secondaire où partir facilement télétravailler quelques jours par mois et passer les week-ends et les vacances. 

Le réseau Century 21, dans une note publiée en juillet sur l’activité du premier semestre 2020, mentionne une nette augmentation sur son site web pour la requête « acheter une résidence secondaire ». Soit + 57 % en mai 2020 versus mai 2019. La requête « maison de campagne » atteint même + 156 % ! 

Mais rechercher n’est pas acheter ! 

Mais la frénésie de l’activité immobilière post-déconfinement est une vision en trompe-l’œil concernant le marché de la résidence secondaire. Century 21 indique que, depuis le 11 mai, les résidences secondaires ne représentent pour le moment que 4,3 % des achats enregistrés dans son réseau qui regroupe plus de 900 agences en France. Dans cette même étude, il est même expliqué que « dans l’ensemble, il n’y a pas eu d’exode massif de Parisiens vers la campagne ou le littoral ».

Et de poursuivre : « certains secteurs semblent plus attractifs que d’autres, comme le bassin d’Arcachon, le nord de la Bretagne, l’ancienne Haute-Normandie, l’Aisne, mais l’afflux de Parisiens est marginal. Et les rêves exprimés en période de confinement ne se sont pas traduits dans la réalité. Ou pas encore ».

Même constat pour la FNAIM (premier syndicat des professionnels de l’immobilier en France) dans sa note de conjoncture de septembre 2020 qui remarque, au regard des recherches en ligne, que : « les résidences secondaires connaissent un regain d’intérêt ». Avant, elle aussi, de nuancer : « ces recherches sur Internet ne vont toutefois pas nécessairement se transformer en transactions ».

Un sujet qui mérite l’attention des agents immobiliers

Il est encore trop tôt pour savoir si le marché de la résidence secondaire tiendra toutes ses promesses, tant l’activité immobilière dans sa globalité reste confrontée à de nombreuses inconnues. En particulier au spectre d’une seconde vague de Covid-19. Mais le sujet mérite cependant toute l’attention des agents immobiliers. 

Parmi les défis à relever : 

  • Se mettre en quête de biens adaptés à cette nouvelle demande. Si elle se confirme, l’offre devra être au rendez-vous ;
  • Prévoir de nouveaux services de proximité pour une clientèle absente la majeure partie de l’année (conciergerie, sécurité, entretien, etc.) ;
  • Développer son réseau de partenaires avec des professionnels capables de répondre à ces nouvelles attentes.

Preuve que le marché immobilier n’a jamais fini de se réinventer !