Arnaque aux faux RIB : vigilance de mise pour les agents immobiliers

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RIB - Cybersécurité
En piratant des boîtes mail, des escrocs du Net parviennent à détourner des sommes d’argent destinées au paiement d’acomptes dans le cadre de transactions immobilières. Plusieurs notaires en ont fait les frais, et aucun professionnel de l’immobilier n’est plus à l’abri. Quelques règles de bon sens peuvent pourtant suffire à déjouer l’arnaque au RIB. Explications.

Une nouvelle escroquerie sur le devant de la scène

Le phénomène n’est pas nouveau. Internet est le terrain de jeu privilégié des escrocs. Et la crise sanitaire n’a évidemment rien arrangé : leurs appétits sont aiguisés comme jamais. Depuis 2020, une arnaque sur deux a effectivement lieu en ligne. Et le coût de cette cybercriminalité est exorbitant : estimé à 5 200 milliards de dollars (près de deux fois le PIB de la France) par an pour l’économie mondiale entre 2020 et 2025. La fraude au président (ou faux ordres de virement) et l’hameçonnage (phishing), pour siphonner des données personnelles et bancaires, sont désormais bien connus. Mais à l’automne 2021, une autre tromperie est venue s’ajouter à ce tableau peu réjouissant : l’arnaque au RIB (relevé d'identité bancaire). Cette escroquerie a pris de l’ampleur ces derniers mois avec la pandémie et l’accélération des échanges à distance. Elle se situe ainsi à la 8e place des 50 menaces les plus traitées par Cybermalveillance, le site gouvernemental d’assistance et de prévention du risque numérique. À l’automne dernier, plus de 250 victimes avaient été recensées dans toute la France. L’arnaque continue, depuis, à faire son chemin.

Des dizaines de milliers d’euros envolés

Le principe est ingénieux : les escrocs du Net piratent des boîtes mail, et interceptent les messages contenant une facture et un RIB. En quelques clics, ils le remplacent par le leur. Les victimes pensent ainsi régler leur dû en toute bonne foi à un professionnel, mais voient ces sommes s’évanouir dans la nature au profit des arnaqueurs. Suffisamment inquiétant pour que l’UFC-Que choisir tire le signal d’alarme en octobre dernier. « Un nouveau type d’escroquerie en ligne a fait son apparition », expliquait alors l’association de défense des consommateurs. « Répondant à des courriels falsifiés de leur notaire, des particuliers ont envoyé tout ou partie du paiement d’un achat immobilier à des escrocs ». 50 000 € dérobés à un particulier qui s’apprêtait à acheter un logement dans le Nord-Pas-de-Calais, 30 000 € volés à un couple résidant à Pau, d’autres faits signalés dans le Nord, le Centre, l’Île-de-France, le Sud-Ouest… Et toujours le même mode opératoire : les criminels qui ont piraté la messagerie du notaire sont parvenus à intercepter le véritable courriel envoyé par le juriste à son client, pour régler les formalités liées à la transaction. Il ne leur restait plus qu’à remplacer la pièce jointe avec le véritable RIB par une autre contenant leurs propres coordonnées bancaires. Tout récemment encore, le 4 février 2022, un couple de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’est fait dépouiller de… 26 600 euros. Là aussi, les victimes ont reçu un e-mail qui semblait en tout point provenir de leur notaire avec un RIB en pièce jointe pour effectuer le virement d’un acompte dans le cadre d’une opération immobilière.

Sensibilisation et bon sens

Si les arnaques recensées concernent essentiellement des notaires (mais aussi des entreprises), plus aucun professionnel n’est pourtant à l’abri. Les agents immobiliers, qui accompagnent de bout en bout leurs clients dans la sécurisation des parcours d’achat, ont un rôle à jouer pour les sensibiliser à prendre d’extrêmes précautions. D’autant que l’arnaque est difficile à repérer : elle met en jeu des personnes qui se connaissent, échangent habituellement et ont effectivement des paiements en cours. Quelques conseils de bon sens peuvent pourtant suffire. Tout simplement, encourager les acheteurs à appeler la personne qui adresse un RIB et en vérifier directement les données au téléphone, en particulier le code pays de la banque, qui peut mettre la puce à l’oreille. De son côté, l’UFC-Que choisir estime qu’il « est impératif de se montrer extrêmement vigilant au moment de conclure une vente immobilière. Il est conseillé de ne plus effectuer de virements d’un montant important sur la base d’un RIB reçu par courriel ». L’association conseille de vérifier au téléphone ou, si possible, de se rendre sur place pour se faire remettre le RIB en main propre. Efficace et sûr !