La ville du quart d’heure : de nouvelles opportunités pour l’immobilier ?

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La ville du quart d’heure : de nouvelles opportunités pour l’immobilier ?

 Et si, dans la ville de demain, les habitants pouvaient trouver tous les services nécessaires dans un rayon de 15 minutes à pied ou à vélo de leur domicile ? C’est la théorie de l’urbaniste Carlos Moreno, qui concilie ainsi aspiration à une meilleure qualité de vie et exigences environnementales. De quoi encourager les acteurs de l’immobilier à innover et à imaginer de nouveaux usages par le prisme de l’hyperproximité.

De « l’utopie urbaine » à la mise en pratique forcée 

« La ville du quart d’heure », l’urbaniste franco-colombien Carlos Moreno l’a théorisée en 2016. Le principe ? Rapprocher le plus possible six fonctions essentielles à la vie dans la cité : se loger, produire dignement, se soigner, faire ses courses, apprendre et s’épanouir. Le tout dans un rayon compris entre un et quatre kilomètres de son logement. Dans la ville idéale du quart d’heure, on se déplace à pied ou à vélo.

Le concept de Carlos Moreno n’est pas récent, mais il a pris une coloration particulière pendant le confinement de 2020. Les Français et les Françaises habitant en zone urbaine ont, malgré eux, expérimenté la ville de l’hyperproximité. Et pour cause : ils étaient autorisés à se déplacer uniquement dans un rayon d’un kilomètre autour de leur logement.

L’oreille attentive de plusieurs villes de France

Avant le confinement, les théories de Carlos Moreno avaient déjà trouvé en France l’oreille attentive de plusieurs municipalités telles que Nantes, Rennes, Mulhouse, Dijon et Paris. La Ville Lumière s’est même dotée, suite aux dernières élections municipales, d’une adjointe dédiée au développement de la ville du quart d’heure.

La promesse de diminuer la pollution, et de privilégier les modes de transport doux, tout en améliorant la qualité de vie et le confort des habitants : voici ce qui fait de plus en plus écho auprès des collectivités publiques, notamment des élus écologistes.

Le paradoxe de la vie hors des villes

Pour autant, la ville du quart d’heure se heurte à une autre réalité. À l’heure où il faudrait, pour vivre et travailler heureux tout en polluant moins, trouver toutes les commodités au plus proche sans être véhiculé, les urbains n’ont pourtant jamais autant rêvé de s’éloigner des villes. Un souhait synonyme bien souvent de temps de trajets à rallonge et… en voiture. 

Le baromètre Qualitel, « Qualité du logement : enjeu d’attractivité des territoires », pointait déjà ce fort désir en 2019. À la question « Si j’avais le choix, je préférerais habiter dans… », les habitantes et habitants des 11 grandes métropoles françaises répondaient à 47 % « dans une commune rurale », et à 31 % « dans une ville moyenne ». Et le premier confinement a aussi suscité un nouvel engouement pour les villes moyennes. PAP (site de transactions immobilières entre particuliers) a ainsi observé un boom des recherches sur les départements limitrophes des plus grandes métropoles françaises. À la sortie de ce premier confinement, 23 % des actifs vivant en agglomération affirmaient vouloir déménager, selon un sondage réalisée pour l’Agence nationale de la cohésion des territoires. Soit près de 400 000 personnes prêtes à quitter les grandes villes !

Cependant, les territoires ruraux et les villes moyennes sont généralement moins denses en services de proximité, et la voiture s’avère souvent indispensable. Un mode de vie pas vraiment compatible avec les exigences de la ville du quart d’heure.

Vers de nouveaux concepts résidentiels

Pour passer de l’utopie à la réalité, la ville du quart d’heure s’adresse donc plus particulièrement aux habitants des grandes métropoles. En effet, elles sont suffisamment dotées pour qu’habitat, services et équipements puissent se rapprocher, voire cohabiter.

D’après un sondage CSA d’octobre 2019 « Habiter le Grand Paris en 2030 », les résidences avec services intégrés provoquent ainsi un écho très positif, puisque 55 à 70 % des Franciliens y voient un intérêt, et s’imaginent y vivre. Concept tout droit venu des États-Unis dès les années 2000, le coliving se développe ainsi peu à peu en France. Dans un même immeuble, on allie espaces privés, espaces partagés et services. Les habitants sont logés, y consomment, s’y distraient, peuvent y travailler en coworking, y pratiquer des activités… Bien plus qu’un simple lieu d’habitation ! 

Les acteurs du secteur en mode agile

Face à ces nouveaux modes de vie, les acteurs de l’immobilier sont encouragés à mieux penser la création et l’utilisation des espaces, en proposant des concepts résidentiels innovants et polymorphes. L’objectif final étant d’y regrouper plusieurs fonctions essentielles. 

Le développement de ces nouveaux concepts confirme l’évolution de la demande des habitantes et habitants, et donc du rôle de l’agent immobilier. Véritable couteau suisse, il doit, lui aussi, déployer un panel de services autour du logement, comme la conciergerie ou l’assurance.