Quand l’immobilier s’adapte aux besoins des seniors

Quand l’immobilier s’adapte aux besoins des seniors

Aujourd’hui, un Français sur cinq a 65 ans ou plus. D’ici 2040, la statistique devrait même passer à un Français sur trois. Un bouleversement complet de la démographie qui a d’innombrables conséquences, notamment dans l’immobilier. De nouveaux logements plus évolutifs, plus sûrs et intergénérationnels garantissent aujourd’hui la sécurité des seniors, tout en tissant des liens sociaux. Et cela pourrait bien changer les missions des agents immobiliers.

Des logements pensés pour prévenir la dépendance

Le vieillissement de la population touche presque tous les pays d’Europe. Et cet enjeu anime en particulier le secteur immobilier français. De plus en plus, les promoteurs conçoivent des logements spécialement pour les seniors. Au cœur de la réflexion : prévenir la dépendance, et les chutes. Chez les 65 ans et plus, elles représentent en effet 80 % des accidents de la vie courante. Or, 40 % de ces personnes hospitalisées après une chute ne peuvent malheureusement pas retourner vivre chez elles. 

Les nouveaux logements pour seniors intègrent donc systématiquement des équipements de sécurité comme des douches sans seuil, des barres de maintien, ou encore des cheminements lumineux. Les volets sont motorisés et les commandes centralisées, pour limiter la fatigue. Tandis que les chambres sont suffisamment vastes pour accueillir un lit médicalisé. 

Pour aider les Français et les Françaises à adapter leur logement et prévenir la perte d’autonomie, le plan gouvernemental “Vieillir en bonne santé” prévoit des actions concrètes sur la période 2020-2022. Mis en place en partenariat avec Action Logement, ce plan a déjà permis de mobiliser une enveloppe d’un milliard d’euros pour réaliser des travaux en faveur du logement pour seniors. Mais, avec seulement 6 % du parc de logements adapté aux risques de l’âge, le chemin semble encore long. 

Des lieux de vie intergénérationnels 

Autre sujet, lié au vieillissement de la population, qui touche particulièrement l’immobilier : l’isolement, un autre facteur majeur de perte d’autonomie chez les seniors. Les spécialistes de l’immobilier l’ont compris, et veillent à proposer des programmes à proximité des transports en commun et des commerces. Parallèlement, de nouvelles solutions logement permettant de rompre l’isolement se développent. Parmi elles, la colocation entre seniors ou encore, l’accueil d’un jeune. 

Les résidences intergénérationnelles sont également en plein boom. Ces lieux de vie innovants sont conçus pour accueillir à la fois des seniors, des familles avec enfants, des personnes à mobilité réduite et des jeunes. Objectif : maintenir à domicile les 65 ans et plus, tout en créant des conditions optimales pour susciter des rencontres et créer du lien social.

Ces résidences proposent des logements indépendants adaptés, et des espaces communs. Toutes les générations se retrouvent ainsi dans le salon, la salle de jeux, ou autour du barbecue sur le toit. De quoi permettre aux seniors de s’ouvrir aux autres, de s’impliquer dans la vie de la collectivité, ou de proposer des gestes d’entraide, comme garder un enfant.

Le high-tech s’invite dans les résidences seniors 

Équipés spécialement pour eux et intergénérationnels, les logements pour seniors se dotent également de plus en plus de solutions high-tech. Parmi eux, des détecteurs de fuites d’eau, de gaz ou même de présence, pour que les éclairages s’allument automatiquement. Grâce à une box de téléassistance et des capteurs, certains systèmes détectent à distance une chute ou des anomalies, y compris dans les équipements de sécurité. Bientôt, des serrures rétroéclairées pourraient même être dotées d’un système de reconnaissance digitale ou veineuse, pour renforcer davantage la sécurité. 

L’innovation technique permet également de mieux surveiller la santé des seniors. Des capteurs intégrés à des objets intelligents tels qu’une montre par exemple, sont capables de suivre et de transmettre directement au personnel médical des données sur le diabète, ou encore, la tension. Tandis que des réfrigérateurs futuristes peuvent surveiller de près l’alimentation, et anticiper ainsi une éventuelle dénutrition : une situation qui affaiblit la santé, et peut entraîner la dépendance. Tout récemment, certaines résidences seniors ont même installé leur propre cabine de téléconsultation. Une réponse concrète au manque de médecins dans les zones rurales, qui évite le renoncement aux soins et préserve ainsi durablement la santé.

Les agents immobiliers sur le devant de la scène 

Selon l’INSEE, les plus de 80 ans devraient passer de 4 millions aujourd’hui, à 7 millions d’ici 2040. « Pour gérer ce pic démographique, le bâtiment doit accélérer », prévient Jean-Philippe Arnoux, membre du Conseil national de la Silver Economy. Dans un rapport remis au ministère de la Santé en septembre 2019, ce conseiller propose 16 mesures concrètes, à intégrer dans le Projet Grand âge et autonomie. Parmi ces pistes, chaque Français et chaque Française serait invité à un diagnostic Habitat-Mobilité réalisé par un ergothérapeute, à partir de son 70e anniversaire. Les agents immobiliers auraient alors une nouvelle mission, celle de définir si un bien convient ou non aux seniors, via la création d’une « étiquette adaptabilité ». Enfin, une commission annuelle des bailleurs sociaux dédiée à l’adaptation des logements pourrait également être créée.